Peut-être trouverez-vous son titre morbide, mais voilà l'une des expositions les plus stimulantes de la saison ! «Faits divers - Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse» ouvre la boîte de Pandore de ce que le sémiologue Roland Barthes qualifiait de «frère bâtard de l'information». Son parcours composé façon abécédaire, H comme hémoglobine, K comme kidnapping, U comme usurpation, a surtout l'originalité d'aller bien au-delà d'un constat de paparazzi: il utilise le fait divers comme outil d'analyse des protocoles artistiques, réunissant des artistes attendus, tel Jacques Monory, roi de la série noire (et bleue !), et d'autres moins, comme Julien Creuzet. Autour de pièces à conviction historiques (le sinistre carnet de bord de Landru, la main moulée du «massacreur de Pantin»), les artistes jouent et déjouent crimes et délits. Des météorites tombent sur des mai-sons, des parachutes échouent, des vengeances se mangent froid, tandis que Claude Closky surprend une soucoupe volante qui passe devant sa fenêtre. Le tout se parcourt comme autant dénigmes et de casse-tête, nous rappelant combien, analysent les deux commissaires Vincent Lavoie et Nicolas Surlapierre (directeur du MAC VAL), «le fait divers est la révélation de l'insondable mystère de la banalité. Il est le grain de sable qui grippe la morne routine des choses, l'explosion de violence sous l'eau qui dort, la cruauté chez les braves gens. II est aussi la revanche des obscurs et des sans-grade.»
Nicolas Daubanes dans « Faits divers - Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse ». Exposition collective.